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Soixante-dix ans d’impunité : le parcours troublant de l’abbé Béchu

Soixante-dix ans d’impunité : le parcours troublant de l’abbé Béchu

Quimper – Le parcours ecclésiastique de l’abbé Jean-Louis Béchu, décédé à l’âge de 92 ans, illustre les mécanismes de silence qui ont longtemps entouré les affaires d’abus sexuels dans l’Église catholique. Malgré des signalements rapportés dès son premier poste et tout au long de ses nombreuses affectations dans le Finistère, ce prêtre n’a jamais fait l’objet de poursuites judiciaires.

Les archives officielles du diocèse de Quimper et Léon ne mentionnent que les dates de naissance et de décès du religieux, ainsi que la liste de ses différentes paroisses. Aucune trace n’y figure des accusations de viols et d’agressions sexuelles pourtant portées contre lui par plusieurs victimes.

Pourtant, comme l’a publiquement reconnu l’évêque de Quimper, des faits graves ont bien été commis par ce prêtre. Selon une victime, l’abbé Béchu aurait abusé de dizaines de personnes dans la région. L’ampleur réelle des faits reste difficile à établir en l’absence d’enquête judiciaire aboutie.

L’avis de décès initialement publié par le diocèse – depuis retiré des publications en ligne – présentait l’abbé Béchu comme un religieux respectable, sans aucune mention des accusations. Seule subsiste aujourd’hui une notice biographique minimale accompagnée d’une photographie montrant un homme d’âge mûr au visage rond et souriant.

Jean-Luc Perrot, l’une des victimes présumées de l’abbé Béchu à Châteaulin, se souvient d’un homme au comportement prédateur : « Quand j’ai vu cette photo en 2022, je l’ai tout de suite reconnu. Lire l’hommage qui lui était rendu m’a révulsé. C’était un curé qui aimait séduire, qui flattait, qui vous prenait sous son emprise pour ensuite abuser de vous. »

Selon plusieurs sources concordantes, des signalements auraient été faits à différentes périodes de la carrière de l’abbé Béchu, sans que cela n’entraîne de sanctions de la part de la hiérarchie ecclésiastique. Le prêtre a simplement été muté d’une paroisse à l’autre au fil des années, suivant un schéma désormais bien documenté dans les affaires d’abus au sein de l’Église.

Ce cas pose avec acuité la question de l’accès aux archives diocésaines et de la transparence de l’institution catholique face à son passé. Alors que la France a été secouée par les révélations du rapport Sauvé sur les abus dans l’Église, l’affaire Béchu rappelle que de nombreux dossiers restent dans l’ombre.

L’évêché de Quimper n’a pas souhaité s’exprimer au-delà de la reconnaissance publique déjà faite par l’évêque. Aucune information n’a été fournie sur les raisons pour lesquelles les signalements concernant l’abbé Béchu n’ont pas donné lieu à des suites disciplinaires ou judiciaires.

Aujourd’hui, alors que le prêtre est décédé, ses victimes présumées se retrouvent sans possibilité de voir leur parole judiciairement reconnue. Ce cas soulève des questions cruciales sur les mécanismes qui ont permis à des agresseurs présumés d’exercer leur ministère en toute impunité pendant des décennies.

Source : letelegramme / Hervé Chambonnière / Divers

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